Les experts des services pour aînés partagent les leçons de la COVID-19

Publié le : 09/09/20
  • par Kimberly Bonvissuto 

    La COVID-19 a eu une immense incidence sur les aînés et les responsables de soins du monde entier; chaque pays est à une étape différente de réouverture. Des points communs sont toutefois apparus dans l’expérience, peu importe la population desservie, comme en témoignent les conférenciers du webinaire des Services pour aînés de McKnight de mercredi. 

    L’importance de la communication avec les résidents, les familles et les membres du personnel, la confiance dans les employés et le maintien des relations étaient les trois principaux points à retenir. 

    Alexandra Robert, chef de groupe du marketing pour Aegide Domitys basé en France, un chef de file en vie autonome en Europe, a déclaré que le plus grand défi en matière de vie autonome pendant la pandémie est de trouver le bon équilibre entre permettre la liberté de mouvement et assurer la sécurité des résidents.  

    Les résidents en vie autonome, a-t-elle déclaré, sont autonomes et agiles, et ils veulent maintenir leurs activités quotidiennes. 

    « Nous avons pris soin de leur permettre de continuer leurs habitudes tout en leur facilitant la vie sous ces contraintes », a déclaré Robert, ajoutant que le défi de son organisation consistait à apporter tous ses services aux appartements des résidents, y compris les activités et les repas. « Ces personnes ont beaucoup de divertissement et ont une vie riche », dit-elle. 

    Robert a déclaré avoir entendu certains résidents, lors du confinement, faire part de leur sentiment de sécurité; cela a amené l’entreprise à réaliser qu’il ne fallait pas fermer les résidences pour les nouveaux venus pendant la pandémie.  

    « Nous avons réalisé que nous offrions un service aux personnes qui ne pouvaient pas rester seules chez elles », a-t-elle déclaré, ajoutant que, contrairement à ce que pensaient les dirigeants de l’entreprise, accueillir de nouveaux résidents, même pour une courte période de temps, était la meilleure option pour certaines personnes. » « C’est un très bon service à leur offrir à moment précis. Ne pensez jamais que vous devriez travailler seulement avec vos clients actuels. Il est important de s’ouvrir au reste de la communauté », a déclaré Robert 

    Marc Saillon, directeur général du Groupe Almage, basé en France, offrant des soins de la mémoire et des établissements de soins infirmiers spécialisés en France et en Chine, a déclaré que son groupe s’appuie sur la croyance que les familles sont essentielles et font partie de l’approche thérapeutique de ses résidents. Les restrictions de visite, a-t-il expliqué, étaient « très préjudiciables » pour les résidents. 

    « Nous nous conformerons aux règlements qui pourraient évoluer à l’avenir, mais nous ne nous considérons pas utiliser des contrôles de visite plus stricts, car cela serait préjudiciable à ce que nous tentons d’accomplir dans nos maisons », a déclaré Saillon. « Il s’agit toujours de trouver l’équilibre entre les risques et les avantages - quelle est l’ampleur de l’avantage et la gravité du risque. » 

    Consolider vos relations 

    La livraison de repas et de magazines à la porte, proposer des activités par l’entremise d’une chaîne de télévision sur Internet et organiser des évènements musicaux dont les résidents pouvaient profiter de leur balcon figuraient parmi les moyens qu’Aegide Domitys a choisi pour maintenir les habitudes de ses résidents pendant le confinement. 

    « Ce qui est extrêmement important, c’est de rester très souple et réactif », a déclaré Robert, ajoutant que les membres du personnel ont assumé une variété de nouvelles tâches tout au long du confinement. Des volontaires du siège social de l’entreprise ont également été recrutés pour combler les lacunes en matière de dotation et maintenir les relations que l’entreprise avait établies avec les résidents avant la pandémie. 

    Avec la récente autorisation de réouverture des zones d’exploitation de Domitys, Robert a expliqué qu’il était question de redonner « du piquant à la vie » aux résidents qui ont choisi la vie autonome avec des occasions de socialiser et de reprendre des habitudes quotidiennes.  

    « Ce n’est pas vraiment ce que vous avez dans votre assiette », dit-elle, ajoutant que cela concernait davantage les personnes que vous rencontrez, le café que vous prenez après le déjeuner et les personnes avec lesquelles vous voulez jouer aux cartes. « Nous savons que le piment de la vie est la convivialité qu’ils entretenaient; cela leur manque beaucoup, malgré tous nos efforts. La création de ces moments est l’élément essentiel pour nous à présent », a déclaré Robert. 

    La clé pour maintenir cet équilibre à l’avenir est, selon Robert, de préserver des relations étroites avec les résidents par le biais de visites quotidiennes et de l’attention particulière aux personnes; les aider à accepter les contraintes de la situation sera véritablement bénéfique. 

    La communication, surtout avec les familles, est l’une des clés du maintien des relations, a déclaré Saillon. Les membres de son groupe n’ont pas bien communiqué avec les familles et les membres du personnel au début de la pandémie, mais ils se sont adaptés et ont appris qu’on ne peut jamais trop communiquer, a-t-il ajouté. 

    « Le confinement total était très long et, honnêtement, les familles en sont devenues folles. Elles ont tellement souffert de ne pas être en mesure de venir et de visiter leurs parents », a déclaré Saillon.  

    Une leçon a été apprise, a-t-il expliqué, est que les personnes préfèrent la vérité, même si elle est difficile à entendre, aux incertitudes. Une transparence totale quant au nombre de cas, de décès et de rétablissements est importante pour maintenir cette confiance et rassurer tout le monde sur le véritable état de la situation. 

    La communication avec les employés est aussi essentielle, dit-il. Almage a écouté les employés travaillant quotidiennement avec les résidents; il leur a permis de mettre en œuvre des solutions créatives aux problèmes rencontrés dans les établissements, a ajouté M. Saillon. 

    « Avoir la liberté de leur permettre d’essayer de nouvelles façon de faire était primordial », dit-il. Cela nous a aidés, nous et l’entreprise, à faire face à tout ce à quoi nous étions confrontés. » 

    Adaptation 

    Un changement majeur que Robert a évoqué est la livraison des repas dont son entreprise était désormais responsable. Après l’interruption des repas communautaires, des repas emballés pouvant être réchauffés ont été fournis, mais ce changement s’est avéré difficile pour certains résidents. L’entreprise a donc choisi d’offrir deux services de repas : un service avec des repas froids à réchauffer, et un autre avec des repas déjà réchauffés. 

    Étant donné qu’Almage traite avec des résidents atteints de démence, M. Saillon a expliqué les difficultés particulières du confinement pour ces personnes; en effets, ces dernières, en raison de leur condition, n’étaient pas en mesure de comprendre ce qui se passait, pourquoi ils devaient rester dans leur chambre et pourquoi ils ne pouvaient pas interagir étroitement avec les autres ou leurs familles.  

    Avec l’interruption des repas communautaires, les heures de repas sont devenues un véritable défi car il s’agissait auparavant d’événements sociaux, a-t-il ajouté. Almage a fait preuve de créativité en déplaçant des tables dans les couloirs, permettant aux résidents de manger dans leur chambre tout en partageant leur heure de repas avec leurs voisins prenant le leur tout au long du couloir.  

    Une des caractéristiques des résidents atteints de démence, a-t-il dit, est leur désir de se promener. Les résidents ne pouvaient pas être confinés dans leur chambre au nom de leur sécurité. Les installations devaient organiser des espaces pour permettre aux résidents de se promener le plus sécuritairement possible. Cela présupposait de changer les poignées de porte des cages d’escaliers et de configurer les ascenseurs pour empêcher les résidents de se rendre à certains étages. 

    « Nous les surveillions, car ils n’étaient pas conscients des dangers pour eux-mêmes », a déclaré Saillon. « Vous devez parfois protéger les personnes d’elles-mêmes. » 

    Réouverture 

    Et bien que le confinement ait été difficile, la réouverture est encore plus complexe, a déclaré Scallion. 

    « Vous êtes vraiment à risque à ce moment-là », dit-il. « Les personnes commencent à revenir à la résidence à nouveau, les résidents commencent à être à proximité les uns des autres. Cette période est plus difficile que celle que nous venons de passer. » 

    La réouverture après le confinement a également été traumatisante pour les résidents, a déclaré Scallion. Les maisons devaient préparer les résidents à la reprise des visites, surveiller les visites pour s’assurer que les résidents pouvaient gérer les interactions et organiser des séances avec les résidents pour faire face aux émotions générées par ces visites. 

    Test en cours 

    Ming Fen Yee, directrice de l’exploitation de Sodexo pour le segment des ainés de Singapore, a partagé la situation de la COVID-19 à Singapour lors d’une entrevue préenregistrée en raison du décalage horaire.  

    Singapour est entrée en confinement — ou ce que le pays appelle « disjoncteur » — le 7 avril. Le 2 juin, le pays est entré dans la Phase Un de la réouverture, mais les communautés de personnes âgées et les maisons de soins infirmiers demeurent fermées, sans visite. 

    Singapour a abordé la pandémie de manière proactive, le ministère de la Santé exigeant des tests et des prélèvements sur les 30 000 résidents ainés et soignants fin avril et début mai, a déclaré Yee. Les tests proactifs étaient importants pour s’assurer que la communauté vulnérable et à risque ne soit pas exposée au risque, a-t-elle ajouté.  

    Le gouvernement de Singapour paie tous les coûts associés aux tests pour encourager les tests actifs, a ajouté Yee.  

    « Lorsque vous mettez le dépistage à la disposition de tous, vous pouvez vous assurer de l’état de votre communauté et de votre population âgée. Elle est le plus à risque », dit-elle. « Le taux de mortalité est très élevé dans ce groupe vulnérable, et nous devons en prendre soin. C’est une approche pratique qui devrait être adoptée n’importe où. » 

    Singapour a également adopté la surveillance communautaire grâce à l’utilisation de deux applications obligatoires. Toute personne se déplaçant dans la communauté, que ce soit pour se rendre au bureau, dans un centre commercial ou dans un centre d’achat, doit balayer un code QR lors de l’entrée ou de la sortie de l’emplacement. L’application Trace Together permet à l’équipe d’établir un traçage des contacts afin de savoir où une personne se trouve, en utilisant la technologie Bluetooth pour faire le suivi de la proximité des personnes si l’une d’entre elle est testée positive à la COVID-19. 

    Sodexo était le commanditaire du webinaire, qui faisait partie du Forum en ligne de McKnight’s sur la Mise à jour IV de la COVID-19 et disponible à écouter sur demande pour ceux qui s’inscrivent à https://go.sodexo.com/McKnightsWebinarDownload

    Article affiché initialement sur Services pour aînés de McKnight.

     

    En apprendre davantage sur les Services aux ainés de Sodexo