Trois menaces cachées à la sécurité des patients hospitalisés

Publié le : 12/02/20
  • Lorsque les patients entrent dans un hôpital, ils s’attendent à aller mieux, et non à ce que complications fassent empirer leur état. Malheureusement, cela peut se produire. Parfois, cela survient à la suite d’un changement inattendu dans l’état du patient, mais d’autres fois, c’est en raison d’une situation qui aurait pu être évitée. 

    Les dirigeants et le personnel des hôpitaux s’efforcent d’assurer la sécurité des patients, mais sont soumis à des pressions supplémentaires, comme celles du programme de réduction des conditions acquises à l’hôpital (Hospital Acquired Conditions – HAC) pour intensifier les efforts visant à réduire les incidents évitables. 

    Bien que ces efforts aient permis d’éviter 20 500 décès et d’économiser 7,7 milliards de dollars entre 2014 et 2017, tout n’est pas encore réglé. L’Agence pour la recherche et la qualité des soins de santé a constaté qu’en 2016, dans 9 visites de patients sur 100, les patients avaient subi un préjudice évitable

    Outre les chutes, les infections et les autres motifs habituels, voici trois menaces cachées pour la sécurité des patients que les hôpitaux ont tendance à ignorer. 

    1. Les difficultés d’alimentation des patients peuvent entraîner une malnutrition ou un étouffement 

    Une bonne nutrition est essentielle pour le rétablissement des patients, mais elle doit être adaptée, en particulier pour les patients souffrant de problèmes de déglutition. 

    Les patients atteints de dysphagie ont des difficultés à avaler ou le sentiment d’avoir de la nourriture coincée dans la gorge ou dans la poitrine. Ils peuvent alors éviter de manger ou de boire, ce qui entraîne un risque de déshydratation ou de malnutrition. Au contraire, si ces patients mangent, ils risquent de s’étouffer, voire de développer une pneumonie si de la nourriture pénètre dans leurs poumons. 

    Comment les hôpitaux peuvent-ils éviter cela? 

    Les patients ont besoin de plans de nutrition adaptés. L’IDDSI (International Dysphagia Diet Standardisation Initiative) fournit un cadre de référence en matière de texture des aliments et des boissons, afin d’aider les professionnels de la santé à déterminer la bonne consistance des aliments pour chaque patient. 

    Les équipes de soins des patients devraient être familiarisées avec cette pathologie pour pouvoir l’identifier. Les hôpitaux doivent alors proposer des aliments de textures et de goûts variés pour encourager les patients à consommer de la nourriture en toute sécurité. 

    2. La chambre du patient est un nid à microbes, en particulier le plancher 

    Lorsqu’un patient entre dans une chambre d’hôpital, il a hâte de s’installer, de mettre ses proches au courant et d’attendre l’arrivée d’un membre de l’équipe de soins. Il ne cherche pas à savoir qui a utilisé la pièce en dernier et si elle a été complètement désinfectée. 

    Il ne devrait pas avoir à le faire non plus. Mais avec le risque d’infections associées aux soins de santé (IAS), les patients commencent à se préoccuper de cet aspect. 

    Même si les surfaces semblent propres, elles peuvent ne pas être totalement exemptes de germes. Seulement 40 % à 50 % des surfaces qui devraient être désinfectées le sont réellement. Les bactéries peuvent vivre sur des surfaces pendant des années, et même redevenir actives après avoir été en dormance. 

    Les germes peuvent se développer sur des objets facilement oubliés 

    Tout comme dans les hôtels, des articles tels que les télécommandes et les interrupteurs des hôpitaux peuvent fourmiller de bactéries. 

    Même si les salles sont propres, l’équipement hospitalier est déplacé sur le sol avec des roulettes. Le personnel, les patients et les visiteurs passent d’une pièce ou d’un couloir à l’autre. Cela signifie que les bactéries sont également transmises. 

    Une étude a montré que les planchers d’hôpitaux sont parmi les sources de contaminants infectieux les plus ignorées. Lorsque les patients et le personnel ramassent des objets tombés ou lorsque les patients marchent sur le plancher en chaussettes et se couchent ensuite dans leur lit d’hôpital, les bactéries se retrouvent facilement sur leurs mains par la suite. 

    Même le matériel de nettoyage réutilisé, comme les vadrouilles et les serviettes, peut transmettre des bactéries d’un endroit à l’autre. 

    Comment les hôpitaux peuvent-ils éviter cela? 

    Les hôpitaux doivent faire preuve de rigueur dans leur utilisation de produits désinfectants respectueux de l’environnement afin de garantir la propreté et la sécurité des patients. 

    En outre, le passage aux balais à franges et aux lingettes à usage unique permet de réduire la contamination croisée des équipements de nettoyage. 

    3. Le personnel hospitalier infecte les patients 

    Un autre grand responsable des infections nosocomiales : Le personnel de l’hôpital. 

    Presque chaque jour, un patient hospitalisé sur 31 contracte au moins une infection nosocomiale. On s’intéresse souvent à la manière dont les procédures peuvent introduire des bactéries dans l’organisme d’un patient, comme dans une CAUTI, mais une récente étude a montré qu’un grand nombre de travailleurs de la santé pouvaient transmettre des virus respiratoires aux patients. 

    La Society of Healthcare Epidemiology of America a signalé que 92 % des travailleurs de la santé qui présentaient des symptômes de maladies virales ont continué à travailler avec les patients pendant leur service, augmentant ainsi le risque de maladie chez une population déjà vulnérable. 

    Le plus souvent, les symptômes des travailleurs de la santé étaient légers ou ont commencé pendant la journée de travail. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les patients hospitalisés courent un risque plus élevé de contracter certaines infections résistantes aux antibiotiques par contact de personne à personne. 

    Comment les hôpitaux peuvent-ils éviter cela? 

    Le lavage des mains est bien sûr la première défense contre la propagation des infections, mais là encore les travailleurs de la santé sont loin du compte, ne se lavant les mains que deux fois moins souvent qu’ils ne le devraient. Une attention systématique à l’hygiène devrait également inclure la désinfection des articles couramment utilisés par les travailleurs de la santé, tels que les blouses blanches, les stéthoscopes et les téléphones portables
    Outre le fait que les travailleurs de la santé doivent maintenir une hygiène constante, ce phénomène est symptomatique d’un problème plus vaste, lorsque le personnel hospitalier estime qu’il n’a pas le temps de s’occuper de lui-même en raison du manque de personnel. Les hôpitaux doivent s’assurer qu’ils disposent d’un personnel clinique suffisant pour permettre au personnel infirmier de rentrer chez lui lorsqu’il est malade, même si les symptômes sont légers. Pour que cette politique soit efficace, les hôpitaux doivent également promouvoir une culture qui encourage les travailleurs de la santé à s’occuper de leur propre santé. 

    Voici la question : dans quelle mesure votre hôpital surveille-t-il et traite-t-il ces risques sous-jacents pour la sécurité des patients?